Historique de la Revue

18/03/2011

1- Motifs et mobiles originaires

Le Philosophoire a été fondé en mai 1996, par un petit groupe d’étudiants en philosophie de l’Université de Nanterre. Lassés d’assister passivement à des cours d’histoire de la philosophie, ne voyant dans l’érudition dispensée que le moyen − et non la fin − d’une pensée philosophique authentique, quelques audacieux (et sans doute aussi naïfs) ont cru bon de donner à leurs recherches un support qui les rendraient partageables et diffusables. « Problématiser » et « refonder » étaient leurs maîtres mots; tandis que les cours soporifiques, dépourvus de questionnements théoriques de quelque ampleur, étaient l’objet de leurs railleries. S’ils étaient engagés dans un cursus de philosophie, n’était-ce pas pour « penser par soi-même »  et « recommencer tout dès les fondements », comme préconisaient Socrate et Descartes ? L’idée était donc de motiver toutes les têtes pensantes alentour pour partager le goût de la philosophie, et pratiquer cette dernière. Finalement, de ce qui devait être un mouvement général, il ne restait que quelques copains, dont le noyau dur était formé de Basile Chaix, Edouard Challe, Vincent Citot et Adrien Peltier.

L’un des mobiles principaux de ce mouvement étant la déception devant la qualité de l’enseignement universitaire, la revue ne pouvait demander à l’Institution un parrainage symbolique, ni des subsides. Du reste, la question ne s’est jamais posée. C’est ainsi que Le Philosophoire s’est créé, non pas contre l’institution universitaire, mais en marge de celle-ci, en tâchant de ne rien lui devoir.

Beaucoup de professeurs se sont montrés bienveillants à l’égard de ce projet, et en ont suivi le développement d’abord hasardeux. Soit qu’ils souffraient eux-mêmes des modalités de l’enseignement supérieur, soit qu’ils s’amusaient de voir ces jeunes esprits manifester une telle ambition. Il y avait quelque chose de téméraire et sans doute d’immature dans leur projet. La sagesse les aurait renvoyés à leurs études, mais ces agités n’étaient pas sages.

2- Les débuts et l’évolution au fil des ans

Avant l’été 1996, la revue était fondée dans son principe, mais il restait encore à l’écrire. Il fallait aussi lui donner un statut juridique. Se fut fait peu après la rentrée 1996 : l’association « Le Lisible et l’Illisible » devenait le support légal de la revue, qui portait alors le même nom. Cette formule (qui détourne le titre d’un célèbre ouvrage de Merleau-Ponty), indiquait que la revue publie des articles de recherche pouvant se montrer difficiles d’accès, mais qu’elle reste ouverte aux réflexions générales non technicisées. L’idée de faire coexister, et éventuellement de concilier, travail de recherche et clarté dans l’expression, a toujours été une revendication de la revue.

Sur une idée de Jean-Claude Poizat (qui avait rejoint le groupe en septembre), le sous-titre était alors « Le Philosophoire »: le lieu où l’on fait de la philosophie (au sens où le fumoir est un lieu où l’on fume). Mais dès le n°2, titre et sous-titre étaient inversés. Finalement, la référence à l’association disparut, et un nouveau sous-titre (destiné à expliciter le titre) prit sa place au n°14: « Laboratoire de philosophie ».

Le premier numéro paraît en janvier 1997. La périodicité est alors de trois numéros par an. A partir du n°3, la revue devient thématique. Les thèmes choisis sont toujours très larges, laissant ainsi une certaine liberté au rédacteur pour inventer sa propre problématique.

Depuis le n°5, chaque thème est inauguré par un entretien. L’objectif de celui-ci n’est pas de vulgariser la pensée d’un auteur en le faisant parler de son oeuvre, mais plutôt de l’inviter à étendre sa réflexion et à enrichir le dossier thématique. Des rubriques sont créées, comme « Les livres passent en revue » et « Les films passent en revue ». Il s’agit moins de faire des recensions ou des compte-rendus que des lectures critiques à vocation philosophique. Enfin, la rubrique « Hors-thème » donne la liberté de publier des articles ne rentrant pas dans le cadre du dossier principal.

Le n°18 voit l’apparition d’une nouvelle rubrique, « Traduction », pour faire découvrir des textes en langues étrangères non disponibles en France et/ou jamais traduits. Les auteurs traduits peuvent être des contemporains, ou bien des auteurs classiques dont certaines œuvres restent inédites en français. A partir du n°28, la publication de textes inédits de grands auteurs nourrit périodiquement la rubrique « Inédit ».

De plus en plus de numéros devenant épuisés, depuis 2004, un des trois numéros annuels est une nouvelle édition refondue et enrichie pour moitié de nouvelles contributions. A partir de 2007, la périodicité passe à deux numéros par an, et le travail de réédition des anciens numéros s’arrête.

3- Colloques et conférences

En marge de la publication des numéros, la revue a toujours organisé des rencontres philosophiques, des débats ou des colloques. En voici quelques-uns:

—     En novembre 1998, à l’initiative de Jean-Claude Poizat, Le Philosophoire est invité à participer à «Cité Philo Lille, semaine européenne de la philosophie», l’un des grands rendez-vous annuels de la réflexion philosophique dans la métropole nordiste. Une conférence-débat est organisée à cette occasion avec Bertrand Ogilvie, autour du thème du n°10 « La Société ».

—     En mai 2001, Vincent Citot et Yann Renaud organisent un colloque intitulé « Violence et Politique » au Collège International de Philosophie. De nombreuses personnalités y ont participé : Yves Michaud, Michel Maffesoli, Blaise Bachofen, Alain Brossat, Michel Wieviorka, Mehdi Belhaj Kacem, ainsi que des membres de la revue : Jean-Claude Poizat, Yann Renaud, Philippe Boisnard, Vincent Citot et Jean-Marc Gaté.

—     La revue organise en octobre 2001 un débat au café littéraire «La Maroquinerie», sur le thème « La Justice et le problème des minorités culturelles ».

—     Chaque année au mois d’octobre (depuis 2000), Le Philosophoire participe au Salon de la revue. En 2005, elle y organise un débat sur le thème : « La laïcité en question : y a-t-il une place pour Dieu dans la cité ? », avec Vincent Peillon et Paul Thibaud. En 2011, un nouveau débat est organisé sur le thème : « L’avenir de la démocratie : progrès ou déclin de notre société et de nos institutions ? », avec Dominique Schnapper. En 2016: « Présent et avenir de la philosophie », avec Louis Pinto et les membres de la revue.

—     Le 25 mars 2006, Vincent Citot et Jean-Vincent Holeindre organisent un colloque intitulé «Penser la paix, construire la paix», au lycée militaire de Saint-Cyr l’École, et sous le haut patronage de la Commission Nationale Française pour l’UNESCO. Parmi les intervenants : Feriel Ait-ouyahia (pour l’UNESCO), Monique Castillo, Christophe Giolito, Frédéric Gros, Pierre Hassner, Pierre Larrouturou, Philippe Raynaud, Paul Thibaud et le Colonel Rouaud.

—     De 2006 à 2009, à l’initiative de Claude Obadia, la revue s’associe aux Ecoles Supérieures de Commerce de Clermont-Ferrand, Rennes et Dijon, pour des demi-journées d’étude sur des thèmes au programmede l’épreuve de Culture générale du Concours d’accès au Haut enseignement commercial. Les thèmes de ces journées d’étude ont été successivement : la science (2006), l’action (2007), la beauté (2008), la vie (2009). Parmi les intervenants : Pascal Engel, Alexis Philonenko, Bertrand Vergely, Henri Pena-Ruiz, et des membres de la revue.

—     Depuis 2009, la revue organise des conférences-débats dans des lieux divers, à intervalles irréguliers.

4- L’évolution récente

A partir de 2011, le Comité de rédaction s’entoure d’un Comité de lecture, de façon à formaliser davantage les modes de sélection des articles (rapports en « double aveugle »). En effet, dans la mesure où beaucoup d’articles proposés à la revue traitent de points d’histoire de la philosophie, leur évaluation requiert l’avis de spécialistes. Le Comité de rédaction reste néanmoins souverain.

Depuis 2011 également, la diffusion papier est complétée par une diffusion numérique, via les portails Cairn et Scopalto. Les éditions Vrin, d’abord associées à la revue pour sa confection et la gestion des abonnements, en deviennent l’éditeur officiel en 2012, à partir du n°38.

Le Philosophoire est devenu l’une des revues de référence dans sa discipline, et reste aujourd’hui encore l’une des seules revues de philosophie générale francophone à ne pas représenter une école de pensée particulière ni à traiter de thèmes d’histoire de la philosophie.

Au cours de son histoire, l’équipe de la revue s’est profondément renouvelée et diversifiée, mais l’identité et la vocation de la revue sont demeurées les mêmes: l’engagement intellectuel, la liberté d’esprit et l’effort de penser, encadrés par un souci d’argumentation (la revue ne publie pas de pamphlets).

Le Philosophoire n’étant pas un club fermé, mais se nourrissant au contraire de la diversité et de la multiplicité de ses membres actifs, toute personne motivée par la recherche philosophique et par le travail de confection de la revue peut se proposer pour participer à ses activités, offrir son expertise sur tel ou tel sujet, discuter tel ou tel article, et ainsi rejoindre l’équipe rédactionnelle.

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